Aout 1966, USA. Un Dune buggy bondissant fait la couverture de Hot Rod magazine.
Aout 1969, France. Un Dune buggy dérapant fait la couverture de Champion " la revue à 300 à l'heure ", destinée aux jeunes fanatiques d'automobile. C'est le début d'une invasion d'insectes roulants dans notre pays ! L'Histoire du Dune buggy ne commence pas en 1966, mais en 1963, dans l'Etat doré de Californie, et le héros s'appelle Bruce Meyer. C'est un designer génial de 37 ans, fou de surf, amoureux de la mer, et grand spécialiste du polyester, un matériau qui n'a plus de secret pour lui et avec lequel il fabrique déjà planches et bateaux multicoques. Un jour, étant avec sa femme à la recherche d'un " spot " du côté de Pismo Beach, il tombe en arrêt devant un groupe de surfeurs s'amusant à sauter les dunes dans de droles d'engins, qu'ils appellent Dune Buggies, " les insectes des dunes ". En fait, ce sont pour la plupart des jeeps dépouillées de toute carrosserie, et dont le chassis a été raccourci. Les constructeurs amateurs ont, par sécurité, soudé tant bien que mal un arceau directement sur celui-ci, mais le résultat n'est pas vraiment beau ! Certains d'entre eux utilisent une mécanique VW, que Bruce observe en connaisseur puisqu'il se déplace dans un vieux combi.
Bruce trouve l'idée sympa. Dès le lendemain, il découpe les ailes arrières de son bus VW et lui adaptent des jantes larges qu'il fabrique lui-même en soudant un voile VW à une jante de Buick. Le tout est équipé de pneus en 9.50 par 15, et permet au minibus de suivre ses nouveaux amis encore plus loin sur la plage, avec toutefois des limites qui laissent à penser à Bruce que l'on peut trouver mieux !
Son esprit créatif est en marche et si l'idée de rouler dans les dunes l'amuse, il est certain qu'il y a un moyen plus simple et surtout plus esthétique pour le faire.
L'idée trotte dans sa tête, et après plusieurs mois de gestation, beaucoup de croquis et quelques modèles réduits, il se lance en Août 1963 dans la fabrication du master. Cette première ébauche en bois et plâtre va lui servir pour fabriquer le moule duquel sortira la coque en polyester.
L'engin qu'il sculpte de ses mains s'inspire à la fois du Schwimmenwagen et d'une voiture de dessins animés ! Très court, il a un museau rond, des ailes larges et plates, il est dépourvu de portes et de capot moteur, et reçoit un châssis tubulaire intégré à la carrosserie, sur lequel Bruce compte monter des éléments en provenance de la coccinelle.
La première coque sort du moule en mai 1964 et le Meyer Manx number one, rapidement assemblé, est très vite sur la plage ! Le résultat dépasse ses espérances, tant en performances qu'en popularité, et Bruce se rends compte tout de suite qu'il vient d'inventer quelque chose de fantastique. Dès qu'il se met à faire des ronds sur la plage, tout le monde se jette sur lui ! Qu'est-ce que c'est ? Combien ça coûte ? Où peut-on en acheter un ?
Devant la demande, il décide de commencer une petite série. 11 kits sortent alors de son moule avant qu'il ne réalise qu'il perd de l'argent, en le vendant malgré tout 985 dollars, une belle somme en 64 ! ( Plus tard, le kit sera vendu 140 dollars ! ). En réfléchissant, il s'aperçoit que finalement, il jette la meilleure partie de la VW : son châssis ! Il ne reste qu'à le raccourcir pour le mettre aux dimensions de sa création. Bruce sait que c'est possible car il a vu une Devin, petite voiture de sport sur base VW, réalisée comme cela.
Aussitôt, il s'attaque au raccourcissement d'une plate-forme, et modifie son moule en conséquence. Il vient d'inventer la voiture dont rêvent tous les constructeurs. Celle que tout le monde veut acheter, que tout le monde peut construire !
Il inonde très vite l'Amérique avec des milliers de Meyer Manx en kits qui sortent de son usine de Costa Mesa.
Devant le succès de cette invention, des constructeurs de buggies surgissent de partout ! Et bien entendu, le design de son buggy est copié dans le monde entier ! Il y a 26 ans [ article paru en 1990 ], Bruce Meyer ne s'était pas trompé en inventant le concept du buggy et en dessinant le Manx !
Thank you, Bruce !